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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 01:22

 

 

  Second et dernier volet sur le concept dans les séries, après Lost, Columbo, Demain à la une, place à Angela, 15 ans, How I met your mother, 24 heures chrono et Code Quantum.

 

 

Angela,15 ans

Série culte des années 1990, sur les adolescents (mais pas seulement) mais destinée à un public plus large, a modifié les codes du genre. Fini les caractères aseptisés des personnages adolescents, en une seule saison, hélas,( quand je pense que des séries continuent alors qu'elles n'ont strictement rien à dire et que celle-ci avait encore de beaux jours devant elle), les problèmes familiaux, sentimentaux et sociétaux sont abordés avec justesse et profondeur, et les états d'âme exprimés par Angela offrent aux téléspectateurs fidèles ( l'exigence de ce programme n'a pas permis l'adhésion d'un large public, ce qui a  expliqué, entre autres, son arrêt après dix-neuf épisodes) un miroir confondant de réalisme et de vérité. L'utilisation de la voix-off de l'héroïne qui dévoile son journal intime au public, la psychologie fouillée des protagonistes, en font une merveille télévisuelle. Et pourtant, les trois-quatre premiers épisodes nécessitent de s'accrocher, peur de tomber dans l'anecdotique, dans le sentimentalisme. Puis, rapidement aucun personnage n'est oublié, les scénarios,les dialogues, la maturité du propos et la qualité d'interprétation feront le reste ( Claire Danes et Jared Leto en tête). Si le recours à la voix-off est utilisé depuis toujours, il n'avait jamais jusque-là était aussi bien exploité pour refléter les tourments des âmes adolescentes. D'autres séries reprendront l'étiquette, telles que Les frères Scott, Gossip Girl... Sauf que dans Angela,15 ans, il n'y avait pas de place pour la prétention, la superficialité et le mélodrame.

 

 

How I met your mother

 

Quand le concept finit par devenir un cadeau empoisonné. Quand, tel un sparadrap tenace, le mystère sur l'identité de la mère se transforme en serpent de mer, et qu'ainsi pendant huit saisons ça finit par en agacer beaucoup. Enfin nous connaissons désormais son visage depuis la résolution de la saison 8, ouf il était temps, et nous connaissons également la trame de l'ultime saison, qui ironie du sort use d'un nouveau concept (à tort?).  Franchement, les quatre premières saisons étaient plaisantes, rafraîchissantes, drôles.  Les techniques visuelles, narratives tenaient la distance, les personnages, même Ted, ne se présentaient pas encore sous leurs plus mauvais aspects. La voix-off du Ted de 2030, qui en boucle raconte à ses deux ados la rencontre avec leur mère est innovante dans la configuration formatée d'une sitcom. Innovante car Ted porte à son paroxysme l'art de la digression, avec lui plus que la rencontre en elle-même c'est le parcours menant à celle-ci qui compte, (je plains ses enfants qui supportent sagement cette litanie, pas très crédibles non?, aujourd'hui ils auraient quitté la pièce au bout de quelques secondes ou seraient sur les réseaux sociaux, au fait existent-ils encore en 2030 ces réseaux sociaux?, sous quelle forme?, la série ne l'évoque pas), sa mémoire lui jouant parfois des tours ainsi que sa tendance à l'exagération.

 

Le problème, c'est que How I met your mother, à mon humble avis, manque de relief, en dépit de sujets importants abordés comme la peur de l'engagement, l'idéalisation de l'amour, l'amitié, la maternité... Pour d'aucuns, le rire prime et suffit. Sauf que pour cela, il faut rester attaché aux personnages, à leurs failles, à leurs travers, à leurs qualités. Et là le bât blesse, les cinq personnages deviennent caricaturaux, les clins d'oeil au passé se multiplient, l'intrigue navigue en circuit fermé, les procédés qui ont fait florès sont paresseusement repris( la relation Ted-Robin rentrouverte inutilement à de nombreuses reprises comme dans un mauvais soap-opéra). Et les indices lâchés au compte-gouttes sur cette mother sonnent comme autant de piqûres de rappel  pour nous empêcher de décrocher définitivement alors que l'enjeu de la série n'a jamais tenu au fond à cette révélation, malgré la myriade de théories entretenues sur la Toile à ce propos, avec le risque de trouver cette jeune femme fade et quelconque, comme son futur mari (bien sûr, tout est question de point de vue puisqu'aux yeux de Ted elle est forcément extraordinaire).

 

Prisonnière de cet artifice, pour se démarquer de Friends ?, la série n'a pas révolutionné le regard clinique-critique sur la chronique des adulescents new-yorkais. Elle a surtout existé de par sa forme, qui je l'admets était remarquable. Alors pourquoi suis-je encore là? Alors que Ted, fade, idéaliste, sentimental mais touchant au début, était devenu insupportable et irrécupérable au cours de la saison 7 et au milieu de la saison 8. Alors que l'épilogue  pourrait être le concept de trop. Peut-être simplement, à l'instar d'un épisode schizophrène de cette saison 8 avec  la déclaration de Ted, qu'il est l'heure pour le (les)  (anti)héros de mettre fin à ses (leurs) illusions, de ranger l'album à souvenirs, et que  j' attends une fin satisfaisante pour atténuer la déception des saisons en perdition. Le sparadrap est enlevé, j'espère que le dernier souffle ne ressemblera pas à un dernier soupir pathétique, que cessera l'agonie.

 

24 heures chrono 

 

24 heures chrono a popularisé le split-screen à la télévision( le cinéma avait déjà bien exploité le procédé : L'affaire Thomas Crown, L'étrangleur de Boston...), a cherché à casser le rythme habituel de l'intrigue d'une série, généralement sur une année, en concentrant l'ensemble sur 24 heures et en proposant chaque épisode quasiment en temps réel (les 43 minutes de l'épisode correspondant à 1h de l'histoire). Sans oublier le défilement de l'heure à l'écran, l'allié indispensable que représente le téléphone portable pour donner un aspect frénétique aux aventures ( et Jack Bauer, pourquoi n'as-tu jamais besoin de recharger ton téléphone?) et le recours aux technologies les plus avancées. Si la série porte au préalable un regard pertinent sur cette Amérique post 11 septembre paranoïaque, où terrorisme, complots et trahisons fleurissent et a pu rendre addict dans les trois-quatre premières saisons, elle perdra vite de sa superbe. Course à la surenchère, aux invraisemblances (il y en avait au début mais elles passaient mieux), répétitions scénaristiques, usages polémiques de la torture au nom de la sécurité nationale, morale douteuse avec le personnage monolithique-aveugle de Jack Bauer qui place sa mission, la Nation, au-dessus de tout, pour qui la fin justifie les moyens, quitte à se sacrifier, le spectacle n'a pas pu/su évoluer, le concept étant trop fort. Un peu comme Prison break, qui aurait dû s'achever après une première de saison qualité, car Prison break en dehors de la prison ça ne colle plus avec le schéma d'origine dont émanait l'essence du projet.

 

Code Quantum

 

 

Dernier exemple d'un concept qui n'a jamais nui à la qualité de la série, celui propre à Code Quantum. Le voyage dans le temps et ses variations n'a rien de bien neuf mais son traitement dans cette grande série si. L'esprit du docteur Sam Beckett erre dans le passé,aux 19 ème et 20 ème siècles, dans la peau de personnes plus ou moins ordinaires (à l'exception notable de Lee Harvey Oswald). Le héros n'a aucun pouvoir sur ces transformations, il ne sait pas quand il  parviendra à rentrer chez lui ( allusion à  Ulysse dans l'Odyssée d'Homère), ni quelle sera sa prochaine mission. Il est seulement aidé par Al, un hologramme. Scott Bakula rend une partition parfaite, dans le rôle de sa vie.  A chaque épisode (sauf exceptions), un nouveau saut dans le temps, un nouveau personnage à endosser, à rendre crédible(métaphore du travail de comédien, d'acteur), une nouvelle mission consistant à corriger les erreurs commises dans la vie des gens. C'est une plongée passionnante dans l'histoire de l'Amérique. La série arrive toujours à se renouveler, l'humanisme des missions est prégnante sans tomber toutefois dans la mièvrerie. La fin du voyage sera elle aussi digne et bouleversante.

 

 

 

 

 

 

 

 

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