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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 20:22

 

Gil,belle performance d'Owen Wilson, c'est le scénariste- aspirant écrivain, héros  mélancolique, rêveur du dernier Woody Allen, Minuit à Paris. Le metteur en scène américain réussit ce qu'il avait esquissé dans la Rose pourpre du Caire. Gil, comme le personnage campé par Mia Farrow jadis, veut s'échapper de la réalité, elle traversait l'écran blanc, quand lui à minuit  rejoint le Paris des années 1920, celui des écrivains américains de la génération perdue. Gil, étriqué dans sa vie qui l'insupporte, désireux de ne plus être scénariste, étouffé par une fiancée qui le méprise et qui se moque éperdument de ses velléités créatrices. Mais cette fois, au-delà de l'art comme exutoire et échappatoire à notre quotidien désabusé, c'est surtout unr formidable et puissante réflexion sur l'art, la manière de l'habiter, de le vivre avec émotion et non pas de façon pédante à l'image du professeur d'université dans ce long-métrage, sur son soi-disant âge d'or que Woody Allen remet en question formidablement. Oui, les artistes sont d'éternels insatisfaits, si perdus dans leur époque qu'ils en viennent à se persuader que le meilleur provient de la génération précédente. Mais pour Allen, le meilleur est maintenant, l'artiste doit évidemment se nourrir du passé, avoir des influences pour ensuite réussir à créer un univers personnel.

 

 

C'est aussi un hommage poignant à Paris, ville hautement culturelle  très bien filmée avec une musique jazz impeccable, quelle introduction avec les lieux emblématiques de la capitale ! Si on ajoute le plaisir de retrouver les artistes majeurs des années 20 avec des acteurs très inspirés( incroyable AdrIan Brody en Dali, Adrien De Van en Luis Bunuel...), on obtient pour moi, évidemment j'ai encore du retard dans ma filmographie allienne, la meilleure oeuvre du cinéaste. Un vrai bain de jouvence !

 

 

 

Je vais faire plus court pour le dernier opus des frères Dardenne, le Gamin au vélo. La seconde oeuvre que je découvre, après l'Enfant. Dans ce dernier, le personnage interprété par Jérémie Rénier avait tenté de vendre son enfant, cette fois il le laisse au bon soin de l'assistance, l'abandonne sans un mot.  Cyril, ( Thomas Doret saisissant de naturel),  boule de nerfs inconsolable d'une dizaine d'années cherche désespérément à le retrouver. Entre temps, il est accueilli chaque week-end par Samantha (sobre et puissante Cécile de France), la trentaine, coiffeuse qui a de l'amour à revendre. Il y aura des conflits, des dérapages, mais cette présence réconfortera Cyril, rempart contre l'indifférence paternelle. Ce qui est fort dans ce film, c'est l'économie de moyens, d'artifices, l'oeuvre ne tombe jamais dans le pathos, la réalité est sinistre, sordide, pas sans espoir, les personnages luttent et sont malmenés. Pas besoin de grand discours, de psychanalyse pour décrire cela, les images, les mouvements sont suffisamment évocateurs et émouvants. Et il y a ce vélo, auquel s'attache  le gamin contre vents et marées, cadeau paternel, qu'il finit par récupérer après que son géniteur l'a revendu pour améliorer ses conditions de vie. Tout un symbole.

 

 

Je conclus avec la Conquête. Je ne vais pas parler de déception car j'étais déjà réticent à aller le voir en salles. Au-delà des considérations personnelles sur Nicolas Sarkozy, j'ai trouvé cette description de son accession au pouvoir convenue et ennuyeuse. Oui, il  triomphe mais perd sa femme, cette dualité s'inscrit tout au long du film. Malgré tout, le personnage n'inspire aucune sympathie, quand il déprime il se console avec du chocolat (ouah ça me fait une belle jambe!).  Certes la rivalité avec Jacques Chirac et surtout Dominique de Villepin atteint des degrés démesurés et propose quelques situations bien senties et des joutes verbales percutantes, hélas ça ne fait pas tout dans un film qui finit par ne plus m'intéresser, tant je n'ai  presque rien appris sur les coulisses du pouvoir. De plus, les trois  acteurs principaux, qui ont pourtant déjà montré leur qualité de jeu auparavant, ressemblent à des imitateurs qui au lieu de donner de l'épaisseur à ces personnalités politiques, les enferment dans des postures et des mimiques.

 

Cette solitude du pouvoir était une belle idée de départ, mais il n'y a pas The Queen ou Le Discours d'un roi chaque semaine sur grand écran. La Conquête en est la parfaite illustration.

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