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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 20:22
 Pour illustrer les relations tumultueuses entre littérature et cinéma, je prends comme prétexte les déclarations de Salman Rushdie, qui qualifie l'intrigue de Slumdog Millionaire de ridicule, du fait notamment de son adaptation d' "un roman de gare à l'eau de rose".  Il y a d'abord le cas de l'écrivain qui se sent trahi en voyant le résultat à l'écran. Je prends pour exemple Michael Ende, auteur de l'Histoire sans fin, qui a refusé de voir son nom crédité au générique, déçu par la transposition de son oeuvre. Pour éviter tout malentendu, mieux vaudrait employer l'expression librement adaptée de. Il faut  certes respecter l'original mais aussi s'en démarquer, au risque d'étouffer par trop de conformisme. Apparaissent aussi le problème du format, les raisons commerciales, qui amènent parfois à des aberrations, comme la fin sacrifiée des Dix petits nègres de René Clair, un sacrilège pour ceux qui ont été émerveillés par l'intrigue d'Agatha Christie et son dénouement magistral.

Existe aussi le cas où le film finit par supplanter le livre dans les mémoires, à l'instar du Psychose d'Hitchcock, ce qui a sérieusement agacé le romancier Robert Bloch ( il ne supportait pas les critiques qui expliquaient que d'un livre mineur en avait été tiré un film majeur). L'idéal reste donc pour l'auteur de se charger lui-même de l'adaptation pour ne pas voir son ego bafoué. Bien qu'en cas d'échec, il pourra toujours rejeter la faute sur le metteur en scène ou le producteur. La réussite peut aussi être totale,  le bijou cinématographique Requiem for a dream n'ayant en effet rien à envier à l'oeuvre de Selby Jr.  Finalement, il conviendrait mieux de juger ces deux entités séparément et de se dire que comparaison n'est pas raison.

La polémique a de toute façon ses limites, si le  mariage a bien des accrocs, au bout du compte, chaque sphère y perçoit son intérêt. Le scénario de la meilleure adaptation perdurera bien aux oscars comme aux César. N'en déplaise à certains intellectuels pour qui le processus se limite à transposer de vulgaires romans de gare, ou des best-seller soporifiques. Transformez donc l'essai monsieur Rushdie : faites de vos romans des chefs-d'oeuvre du septième art.
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