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6 octobre 2017 5 06 /10 /octobre /2017 20:16

  Au même titre que la lecture et l'écriture, le cinéma occupe une immense place dans ma vie. Je ne m'en lasse pas. C'est toujours le même plaisir de découvrir un film sur grand écran. C'est toujours le même plaisir de parfaire ma cinéphilie en dénichant des dvd à la médiathèque. Bien entendu, cette expérience n'équivaut pas à l'atmosphère des salles obscures mais les dvd me permettent un enrichissement émotionnel et culturel  en plus grande quantité et  plus rapide. Cette semaine ne déroge pas à la règle, rares sont les semaines dans l'année où je ne me plonge pas dans plusieurs films. Samedi dernier, j'ai vu au cinéma Faute d'amour, mon troisième film d'Andreï Zviaguintsev. J'avais adoré Le retour mais pas accroché avec Léviathan. Faute d'amour est très dur, austère, les parents ne sont pas sympathiques, attachants. A observer le comportement tyrannique de la grand-mère, on comprend la répétition, le schéma classique du manque d'amour qui se transmet comme une malédiction. A la disparition de leur enfant, chaque protagoniste réagira comme il peut. Il y aura toujours des tensions entre les parents (qui avaient depuis longtemps refait leur vie chacun de leur côté). A cette absence d'amour, s'ajoute une bureaucratie russe cynique et dépassée. On peut juger le film désespérant car englué dans une absence de compassion et d'empathie (la conversation entre l'amant de Zhenya et sa fille partie à l'étranger par webcam interposée est très révélatrice de l'état d'esprit du long-métrage). Je dépasse cet état de fait car le film est maîtrisé, engagé, puissant, remuant, chronique réaliste pertinente. J'ai adoré.


 

 J'ai aussi adoré, en dvd, Vivre de Zhang Yimou, avec Gong Li. J'ai également pris un grand plaisir dans le cadre de collège au cinéma en visionnant Gente de bien de Franco Lolli. Le film était déjà très bon et les explications très subtiles de la conférencière ont donné encore plus de poids et de crédit à l’œuvre, notamment à travers la notion de frontière ( physique, sociale, psychologique). Ensuite, le séminaire sur le rire au cinéma m'a permis de revoir avec plaisir des extraits de Chaplin, Keaton, Jerry Lewis, Tati. Quand la transmission se fait avec intelligence et enthousiasme, sans condescendance et maniérisme, cela me donne juste envie d'explorer davantage le septième art, de combler mes lacunes.


 

Mercredi soir :  dans mon cinéma de quartier au hall refait, j'ai passé un très bon moment devant Le sens de la fête, du tandem Nakache-Toledano. J'ai eu peur pendant quelques minutes que chaque personnage assez important ait sa scène très drôle, décalée et que la communauté, l'esprit de groupe ( de troupe?)  que l'on retrouve dans leurs six longs-métrages soient au final dilués. Il n'en est rien, le collectif prédomine fort heureusement. En patron, en père de substitution, Jean-Pierre Bacri, en traiteur expérimenté mais un poil désabusé est magistral, jamais loin de péter les plombs mais empli d'humanité et d'affection envers ses employés turbulents et imprévisibles. Les personnages sont décalés, caricaturaux. Comme Max dans le film, on a par exemple envie de taper l'insupportable marié (Pierre) pour qui son mariage rime avec la consécration et l'étalage de sa petite personne au détriment de sa future épouse (impayable Benjamin Lavernhe, très bon dans Radiostars et impressionnant sur scène dans Les fourberies de Scapin). Et pourtant les réalisateurs parviennent par magie à lui offrir un moment d'élégance et de bienveillance qui rachète (un peu) ses caprices passés. C'est le même regard posé sur cette «  bande de bras cassés » qui œuvre en coulisse au bon déroulement du mariage et qui en fait le détruit à petit feu mais qui saura se rattraper. Vincent Dedaigne (Julien) en défenseur irritant car insistant de la langue française est comme d'habitude remarquable (les adeptes de la formule exaspérante Au jour d'aujourd'hui comprendront peut-être enfin leur erreur), Alban Ivanov (Samy) en extra candide qui débarque d'une autre planète est crédible ( qui découvre que le loup c'est aussi un poisson). Jean-Paul Rouve en photographe démodé (Guy) qui ne supporte plus les photos prises par les invités avec leurs téléphones portables, Gilles Lellouche en chanteur improbable (James) qui se prend bien trop au sérieux, Eye Haidara (Adèle) en adjointe aux nerfs à vif, au langage très familier : on se reconnaît dans cette galerie de personnages ( la liste est loin d'être exhaustive, Hélène Vincent est excellente dans le rôle de la mère du marié, l'élève stagiaire de Jean-Paul Rouve est hilarant...). On comprend aussi que tout cela n'est qu'un vernis. Ce qui compte dans cette journée c'est la solidarité, l'entraide, l'aventure humaine, le projet collectif ( métaphore du cinéma?). faire de ce mariage un moment réussi, inoubliable, être au service de la fête, avoir le sens de la fête.


Nakache et Toledano oscillent subtilement entre légèreté et profondeur, dosent parfaitement rires et moments sérieux, n'oublient pas la dimension sociale et les mesquineries individuelles. Dans mon panthéon, je le mettrai parmi leur plus grande réussite avec Intouchables.


 

Fin de la semaine en cinéma ce matin : séance aux Halles avec Good time porté par Robert Pattinson.

 

 

Franquin. Les idées noires. Magnard, Fluide glacial :

 

Il ne faut pas confondre oiseaux rapides et goélands.

 

Il ne faut pas confondre massacre dehors et rage de dents.

 

Il ne faut pas confondre serrer la main à des huiles et graisser la patte.

 

Il ne faut pas confonde faire feu sur le gibier et tirer la chasse.

 

 

Il ne faut pas confondre messie et puisque je vous le dis !

 

Il ne faut pas confondre les temps sont si durs et les victimes s'immolent !

 

Il ne faut pas confondre émission en direct et radioactivité.

 

Il ne faut pas confondre l'aimer follement et l'avoir dans l'appeau

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